Dr Isabelle Didiergeorge
Médecin nutritionniste
Quel est le poids idéal ?
Il y a le poids dont on rêve, fortement influencé par la mode, les images, le diktat de minceur de notre société. L'impossibilité de l'atteindre ou de le maintenir va pour certain(e)s être source de souffrance voir d'obsession.
Il y a le poids idéal de notre corps, son poids d'équilibre, de forme.
A chacun son poids idéal, qui dépend essentiellement de la génétique. Penser que pour telle taille il faut peser tel poids n'a pas de sens. Il en est de la corpulence comme des autres caractéristiques, nous sommes différents et multiples. On peut seulement dire qu'à partir d'un certain poids, apparait une augmentation statistique du risque de maladies.
Pour certains maintenir ce juste poids ne pose pas question, ils mangent quand ils ont faim, s'arrêtent au rassasiement et l'équilibre se fait naturellement. On les décrit comme des mangeurs intuitifs qui se régulent bien. Par contre si on ne ressent plus ces sensations de faim et de satiété, les systèmes de régulation se dérèglent.
Si votre corps est programmé à un poids de forme de 65 kg, inutile de croire que vous pourrez vous stabiliser durablement à 59 kg. Votre organisme mettra tout en oeuvre pour retrouver son poids d'équilibre. Certain(e)s préfèreront se restreindre de plus en plus pour tenter de garder un poids inférieur à leur juste poids, souvent aux dépens de leur joie de vivre et de leur santé. Ce combat permanent induit des troubles du comportement alimentaire.
Il y a les kilos en trop, souvenirs de vacances ou d'une grossesse, ceux qu'on n'a pas vu venir en période de stress, ceux qui s'installent plus facilement avec l'âge, ceux de l'arrêt de la cigarette... Si on mange trop, les cellules graisseuses se remplissent, gonflent et on stocke de la graisse. A ce stade vous pouvez retrouver votre juste poids : en comprenant les mécanismes à l'origine de ces kilos, en étant plus attentif à vos sensations alimentaires, à vos besoins, en réinvestissant avec plaisir votre alimentation, en veillant à faire de bons choix.
Oubliez les régimes qui vous conduiront directement dans la spirale du yoyo et des compulsions alimentaires. Ils rendront votre corps de plus en plus résistant à l'amaigrissement : gain de poids assuré !
Il y a le poids santé. Une fois l'obésité installée, le retour en arrière est plus difficile car les cellules graisseuses se sont aussi multipliées : l'objectif est d'atteindre un poids qui permettra de préserver au mieux votre santé. Le retour a un IMC normal n'est pas forcément nécessaire : une perte de 10 % du poids apporte déjà d'énormes bénéfices en terme de santé et de confort. Si vous êtes toujours en surpoids mais actif, avec une alimentation saine vous pouvez être en bonne santé.
Une perte de poids supérieure à 15% du poids initial constitue un excellent résultat d’un point de vue médical, et ce, même si ça ne correspond pas nécessairement au poids «rêvé».
Il y a le poids ressenti, pas toujours conforme à la réalité. Souvent une personne qui a maigri continue à se percevoir, se vivre obèse, son poids restant une obsession douloureuse. A l'inverse des personnes très rondes ne se laissent pas étouffer par les pressions, les jugements, vont s'affirmer par toutes leurs qualités, s'épanouir sans soumettre leur droit au bonheur à une perte de poids.
Il y a le poids stigmatisé. Pour certains le poids est considéré comme un témoin de la volonté, de la valeur morale de la personne. Alors que l'on sait qu'il n'en est rien : l'obésité est complexe, multifactorielle, conséquence de la génétique, de l'environnement et d'une histoire individuelle. Nous ne sommes pas égaux devant la prise de poids. Un poids trop élevé ne doit pas être le poids de la honte, de la perte de confiance en soi ni de la discrimination.
