Dr Isabelle Didiergeorge
Médecin nutritionniste
Alimentation et maladies cardiovasculaires
Infarctus, athérosclérose, AVC sont des maladies cardiovasculaires de plus en plus fréquentes et liées à notre mode de vie et à notre alimentation. Le grand accusé est le cholestérol, et on se focalise sur des bilans sanguins. Pourtant il a été démontré qu'une alimentation de type méditerranéen avec moins de sucre et moins de sel et la pratique d'une activité physique régulière protègent contre ces maladies (même si le taux sanguin de cholestérol reste élevé!).
En cas d'hypertension il est recommandé de diminuer sa consommation de sel, d'éviter les abus d'excitants (café, thé) et d'alcool et de retrouver un poids santé.
De nombreuses études ont montré qu’une activité physique régulière (30 minutes par jour) permettait de faire baisser la pression artérielle.
Si votre cardiologue vous a prescrit un régime sans sel vous pouvez utiliser le "faux sel" qui n’est pas du chlorure de sodium (Na Cl) mais du chlorure de potassium (KCl) ; sa seule contre indication est l’insuffisance rénale. Vous le trouverez en pharmacie.
Si vous présentez un taux de cholestérol élevé, vous devez veiller à bien choisir les graisses dans votre alimentation et consommer beaucoup de fibres et d'antioxydants.
On sait maintenant que le taux de cholestérol dépend relativement peu du cholestérol que l'on mange mais qu'il augmente en cas d’excès de consommation de graisses saturées. Les conseils ont donc beaucoup changé, comme par exemple pour la consommation des œufs : il n'y a pas d'argument pour limiter à 2 œufs par semaine.
Fromages, beurre et lait de coco sont à limiter mais ne sont pas interdits, leur consommation est possible si elle s'intègre dans un équilibre général et si les portions sont adéquates.
Un programme nutritionnel personnalisé vous aidera à adopter une alimentation hypocholestérolémiante sans sacrifier le plaisir et le goût.
Certains aliments sont incompatibles avec certains traitements.
Le pamplemousse doit être évité si vous prenez un traitement anti-cholestérol, des béta-bloquants et certains traitements de l'hypertension.
La consommation excessive de légumes crucifères (tous les choux) est classiquement déconseillée avec les traitements anticoagulants. En fait votre médecin a ajusté la dose de votre traitement selon votre alimentation habituelle. Il ne faut donc pas éliminer du jour au lendemain tous les aliments riches en vitamine K, surtout si ce sont des aliments que vous consommez habituellement. Le plus important est de garder une alimentation stable dans le temps.
Depuis quelques années, on trouve dans les supermarchés des margarines qui promettent de faire baisser le taux de cholestérol grâce aux phytostérols qu'elles contiennent. Les études ont certes montré qu’une consommation de 2 grammes par jour de stérols végétaux sous forme d’aliment fortement enrichi en phystostérols réduit de 6 à 10 % le taux de LDL-cholestérol.
Les margarines anti-cholestérol sont elles utiles ?
Mais cette diminution concerne seulement les personnes ayant un faible excès de LDL-cholestérol et à condition que la consommation quotidienne atteigne 2 g de phytostérols, ce qui correspond à 25 g de margarine par jour. Or, dans la majorité des cas la personne ayant trop de cholestérol a aussi besoin de perdre du poids, forcer sur l'apport en margarine n'est peut être pas une bonne idée ! La consommation modérée d'huiles riches en oméga 3 lui sera plus profitable.
Les effets indésirables d'une consommation régulière et prolongée sont peu connus et les phytostérols sont déconseillés aux femmes enceintes et aux jeunes enfants, car ils diminuent la fixation des vitamines A et E dans l’organisme.
En conclusion: un produit cher, aux bénéfices très limités, aux effets secondaires mal connus et risquant d'aller à l'encontre de la perte de poids.
Faut-il prendre un traitement pour abaisser le taux de cholestérol ?
L'intérêt d'un traitement en prévention (c'est à dire chez des personnes n'ayant pas eu de problème cardiovasculaire) est controversé. Par contre il est démontré qu'adopter une alimentation équilibrée, maigrir si besoin, arrêter le tabac, bouger plus, traiter une hypertension diminuent le risque cardiovasculaire.
Ces médicaments ne doivent donc pas se substituer aux changements alimentaires et de mode de vie.
Ils ne devraient pas être prescrits d'emblée. Si après 3 mois de mise en place d'un régime adapté les résultats sont insuffisants votre médecin évaluera le bénéfice éventuel de ce traitement en fonction de vos facteurs de risque. Choisir de prendre des médicaments pour ne pas avoir à surveiller son alimentation est une erreur, d'autant plus qu'ils présentent des effets secondaires et augmentent le risque de diabète.